Photo: Sandra Joubert
Photo: Sandra Joubert

COVID

Voici quelques éléments de compréhension quant aux conditions de cette marche alors que nous vivons une période troublée et complexe. Le pays est ébranlé par l'épidémie de covid 19. Bien entendu, il est indispensable de tenir compte de ce contexte fragile et d'apporter de l'attention à chacun.

 

Tout d'abord, il va de soi que nous nous engageons au respect strict des mesures sanitaires.

 

Je m'inquiète pour toutes les personnes dont les conditions de vie ou les métiers comportent des risques dans le cadre de cette maladie: caissières, enseignants, personnes vivant de façon précaires dans des zones surpeuplées et polluées, soignants, étudiants, élus qui doivent continuer le travail collectif pour que vive la démocratie, ouvriers des usines...

 

Par ailleurs, pour d'autres raisons, je m'inquiète aussi pour toutes les personnes isolées, celles dont les métiers sont jugés non "essentiels" (le sont-ils tant que ça?) et dont les projets professionnels sont brisés, celles qui perdent leur emploi, celles qui sont contraintes au chômage forcé ne pouvant chercher du travail actuellement, celles qui attendent une prise en charge de leur maladie car les autres maladies n'attendent pas, celles qui sont fragilisées par cet épisode morbide qui se prolonge...

 

Et durant tout ce temps, les processus de légifération se poursuivent, les projets de loi sont annoncés, étudiés, votés, revotés, etc.

 

Les possibilités d'expression démocratique se réduisent comme peau de chagrin, ce qui est toujours le signe -quelles qu'en soient les raisons- d'une fragilisation démocratique.

 

Ainsi, il faut tout à la fois protéger la population avec discernement sur la durée, tenir compte de l'urgence mais aussi penser l'avenir: personnels soignants, milieux de soin, diversité de pratiques, mais aussi actions en faveur d'une meilleure santé individuelle: nutrition, pollution, stress, précarité, etc.

Et tout à la fois, protéger la démocratie dans le même temps et avec la même force, car sans elle la vie humaine n'est pas possible dans toute sa plénitude.

 

Car que vaudra la vie pour les prochaines générations si leurs droits sont réduits voire inexistants?

 

La société ne serait-elle pas en train de s'orienter imperceptiblement vers une régulation morale en renonçant à la régulation démocratique? La peur et l'empressement sont-ils si bons conseillers? Ne renonce-t-on pas bien trop vite et trop systématiquement au bon sens, au dialogue, à l'élaboration d'accords justes?

 

Au vu des circonstances et en comparaison avec les autres mouvements actuels de population, voici donc les atouts de cette marche:

  • Être à l'air libre (les contaminations se passant principalement dans les milieux clos)
  • Être en plein air permet également de respecter plus facilement les distances physiques
  • Nous ne toucherons à rien (contrairement à ce qui se passe quand tout un chacun fait ses courses par exemple)
  • La population entière est invitée à participer à distance: blog, page fcbk et mots pour le président
  • L'idée d'une marche restreint d'emblée fortement le nombre de participants à l'inverse d'une manifestation classique (à savoir les manifestations sont actuellement autorisées, info datant du 8 novembre)
  • Proposer un acte d'expression fort et original permet de participer à la vitalité démocratique tout en donnant de l'espoir par le fait de retrouver un pouvoir d'action.

Doit-on penser que le "transport" d'expression démocratique est moins essentiel que le transport de marchandises ou encore l'activité de représentant de commerce?

 

Durant le confinement actuel, de nombreuses personnes circulent, voire circulent en groupe (par exemple les personnes pratiquant la chasse), ou bien encore circulent sur de plus ou moins longues distances: trains, représentants de commerce, étudiants, artisans, transports de marchandises ou de déchets, livraisons, travaux publics, transports publics...

 

Une maman et son fils accompagnés -au final sur la moitié des étapes seulement- d'une petite poignée de marcheurs volontaires et conscients des enjeux, ne sont pas grand chose en comparaison.

 

Enfin, en même temps que la diversité, cette marche fut l'occasion de prendre soin des libertés, non une occasion de faire n'importe quoi et de chaos, mais bien au contraire prendre soin des libertés structurées et pensées collectivement en usant de la raison au bénéfice de tous: libertés d'expression, liberté d'être en lien les uns avec les autres, liberté de circulation, liberté d'enseignement, etc.

 

Ainsi, nous sommes conscients des grandes difficultés posées et nous nous sommes engagés à tout mettre en oeuvre pour les surmonter intelligemment, dans le respect des lois et de tous.

 

 

Et durant cette période forte d'inquiétudes légitimes, j'invite tous les citoyens à multiplier l'invention avec discernement d'actions positives

en faveur de la démocratie, du vivre ensemble, de la diversité et des libertés.

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